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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 21:28

J3 1686 Il faisait frais cette nuit ! Et un peu humide aussi, le duvet certes léger et peu encombrant était juste un peu juste. Un bon thé goût nouilles-de- la-veille (la vaisselle n'est jamais exceptionnelle en rando!) nous réchauffe rapidement ainsi que le soleil qui se lève (il est 7h30). La nature est toute frissonnante de la pluie et de la rosée de la nuit, comme nous. L'air est encore frais, c'est dans c'est moments là que je sens l'harmonie du monde, que j'entre en communion avec tel brin d'herbe, que je ressens une profonde empathie pour un arbrisseau, J3 1689 voire même les toiles d'araignée qui tendent leurs draperies de soie scintillante entre ses branches. Je suis profondément à ma place.


Mais ces temps de fusion jamais ne durent, il est déjà temps de reprendre la marche, le soleil chauffe déjà trop l'atmosphère. C'est jour de ravitaillement aussi aujourd'hui, nous allons devoir quitter notre tour d'ivoire qu'est le Causse Méjean pour descendre tel l'Albatros, parmi les huées. J3 1690 C'est le 15 août aujourd'hui, j'espère qu'on trouvera quelque chose d'ouvert surtout ; c'est bien beau la contemplation, mais ça ne nourrit pas son homme (ni sa femme).  Donc nous voilà partis tout droit dans la steppe caussenarde direction Poujols, un tout petit village en bas de la colline. Complètement hors sentier, nous nous faufilons tant bien que mal dans la végétation maquisarde. Le terrain est bien pentu en plus et glissant de la pluie nocturne. L'horizon se dégage alors et nous pouvons admirer la mer de nuages dans les gorges du Tarn, le soleil sur le ciel encore noir offre un panorama de fin ou de début du monde, puissant. Nous longeons à quelques encablures le bord du causse, puis nous piquons SE pour éviter sa pointe Nord.

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J3 1699 Nous nous battons avec quelques ampoules depuis hier après-midi, je n'en ai qu'une pas très grosse, au bout du petit orteil gauche, mais elle n'a pas sa place dans ma chaussure. Ca pique un peu dans les descentes, quand elle s'écrase au fond de la semelle. Amandine , elle, se bat depuis sa rando dans les Pyrénées. Elle boitille, mais sans broncher. Elle m'impressionne des fois, de ne pas se plaindre de ce que je lui fait subir. D'autres qu'elle n'auraient déjà pas passé l'épreuve de la première journée, J3 1706 elle entame gaiement la troisième malgré les blessures et le poids, non négligeable du sac. Serait-ce un ange sur qui glissent les affres comme les gouttes d'eau sur les ailes d'un cygne ?


J3 1723 La piste est facile et il ne fait pas encore trop chaud, on se trompe de chemin un instant à cause d'une mauvaise lecture de la carte. On lit toujours trop vite une carte topo, on interprète, on imagine le paysage en fonction de pictogrammes et de courbes de niveau, sur un coup d’œil. On a toujours faux et l'on s'induit en erreur. C'est la source principale d'égarement. Nous marchons depuis deux heures et je commence à avoir un petit creux, on décide de s'arrêter quand on retrouve la route, après avoir contourné le ravin de Combelairo. Il fait bien chaud désormais et nous sommes en nage ; au loin, un berger et ses chiens regroupent un troupeau de moutons : exercice mille fois répété depuis la nuit des temps.


J3 1735 C'est un carrefour de routes où nous nous posons. Comme nous avons le choix pour la suite du chemin, c'est l'endroit idéal pour un break, histoire de se sustenter et de regarder la carte. On enlève nos t-shirts pour les faire sécher au soleil, évidemment, c'est ce moment là que choisit un touriste hollandais pour débarquer et venir nous taper la discute. Amandine en soutiff est aux anges ! Le gars veux savoir quelle ballade il peut faire avec ses deux jeunes enfants dans le coin. On lui indique une boucle de deux heures qui passe au bord du causse. Amandine se rhabille. Et nous repartons avant que les hollandais se lancent. Le paysage est de plus en plus pelé, nous allons bientôt entré dans le parc national et ses grandes steppes d'herbes folles et sèches à perte de vue.


J3 1743 Pour l'instant, nous suivons une piste, mais nous allons bientôt être confrontés à un petit exercice d'orientation car il va falloir couper à travers le maquis. On avance vite, le chemin est plutôt plat, mais nous allons devoir gravir à peu près tout droit la colline à notre droite. Le tout est de commencer au bon endroit.  De (trop) nombreuses clôtures parcellent la colline en suivant les courbes de niveau et le jeu est de trouver le passage où nous devrons en franchir le moins possible. Par chance, la majorité de clôtures s'incurve et vient couper la piste sur laquelle nous sommes par des barrières faciles à franchir. Après ce qui nous semble être la dernière en vue, on prend une trace à droite, tout droit dans la pente. Amandine peine un peu, mais ce n'est pas très long et l'on se retrouve sur la crête, sur une petite route.


C'est par là que nous quittons l'itinéraire normal, nous suivons la route qui se dirige dangereusement vers le bord du causse, le longe un peu et plonge dans le gouffre pour rejoindre Florac. J3 1745 On laisse une ferme à gauche, en équilibre au bord du trou. On arrive au niveau des cheminées de fées qui dominent Florac, la vue sur les grands espaces du Mont Lozère est sublime. Vient l'heure de la grande descente sur Florac : 500 m de dénivelé qu'il va falloir se remonter tout à l'heure. Il est 12h30, on commence à avoir bien faim et on se motive en se promettant un bon resto en bas. Plus nous descendons, plus la chaleur est intense, normal, mais la descente est infernale, on rate le chemin et nous sommes obligés de finir par la route. On en a vraiment plein les pattes. On rêve de se baigner quelque part, mais ça ne va pas être facile.  On pense au camping municipal pour aller prendre une douche gratuite, mais il est assez éloigné du centre de Florac et nous n'aurons pas le temps d'y aller. Il est 14h00 quand nous entrons dans le village. On cherche un resto, mais c'est vain, on se fait jeter de toutes les terrasses, il ne servent plus, il est trop tard. Finalement, au bout d'une demie-heure interminable, nous trouvons, après 4 échecs, un restaurant qui veut bien nous servir encore. On se gave.

J3 1748 Le ventre plein, on va se faire quelque courses à la supérette du coin qui malgré le 15 août est ouverte. On prend des bouillons cubes cette fois, mais il n'y a pas de pain, ça va faire léger... En fait, tout est ouvert aujourd'hui car c'est la feria de Florac : tout le monde est en bleu et blanc et fait les fous dans la ville. Dans le bar d'à côté un groupe de joyeux drilles entame la chanson de l'Aviron Bayonnais avec une ferveur impressionnante, on en a des frissons ! Puis vient l'heure de se rafraîchir, Forac est la ville des fontaines, nous remplissons donc à fond nos bouteilles d'eau et en profitons pour une petite toilette. Les gens qui nous croisent doivent nous prendre pour de vrais clochards !



 

 Il est 16h00 passé et la perspective de la remontée sur le Causse Méjean par 500 m de dénivelé en pleine chaleur nous effraie un peu. Il fait bien 35°C au soleil, c'est juste intenable. On décide de faire du stop, il n'y a qu'une route, si quelqu'un nous prend, il ne peut que nous amener sur le causse. On se poste donc à la sortie de la ville, à un endroit à l'ombre, en vue, J3 1749 où les voitures peuvent s'arrêter assez facilement. Mais les minutes passent, longues comme des heures et aucune voiture ne passe... Puis une, deux, trois... des touristes qui bien qu'à vide ne s'arrêtent pas. Une grosse demie-heure s'écoule ainsi avec le passage d'une demie-douzaine de voitures. Une n-ième, blanche, défoncée, du coin arrive. Le gars semble hésiter, il s'arrête 20 m plus haut et nous fait signe de venir. On lui dit qu'on va juste sur le causse, au col de la Pierre Plate. Pas de bol, il n'y va pas... Il nous déposera sur la route avant. On se demande bien où il ira, il nous semblais bien n'y avoir qu'une route qui monte... Mystère.

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C'est une vieille Renault 20 toute défoncée dans laquelle nous montons ; il a rabattu les siège de derrière car il vient du marché et a tout son matos dans le coffre. J'essaie de monter sur les genoux d'Amandine sur le siège passager, mais c'est bien inconfortable. De plus, son coffre ne ferme que par une ficelle et il reste largement entrebâillé. J'ai un peu peur dans la côte qu'on perde une partie de nos affaires, surtout l'appareil photo qui ne résisterait sûrement pas à une chute de voiture. Je passe donc dans le coffre pour tenir tout ce petit monde en me contorsionnant tant bien que mal. La route n'est pas si longue que ça mais j'attrape vite des fourmis dans les bras et les jambes.

J3 1769

Enfin arrive l'endroit où le gars doit nous lâcher. C'est la petite route par laquelle nous étions descendu en début d'après-midi ! Nous l'avions oubliée. On explique à notre chauffeur que notre chemin coupe cette route un peu plus haut et il est d'accord pour nous y conduire. Super ! Il nous pose au chemin et nous explique qu'il habite la ferme qui domine le bord du Causse, juste à côté et que nous avions remarqué tout à l'heure. Il est boulanger et tous les jours il va sur les marchés pour vendre son pain. D'ailleurs, il propose de nous donner un de ses invendus ; ça tombe bien nous n'avions pas pu trouver du pain à Florac ! On accepte de lui acheter, il refuse, on n'insiste pas et Amandine choisit un gros pain de campagne aux graines qui se conservera très longtemps.

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J3 1773

Avant de remettre les chaussures et de repartir, je me perce une ampoule au bout du petit orteil gauche. Mal m'en a pris, je jongle comme un perdu à chaque pas désormais... ! Il est 17h00, nous n'avons mis qu'une heure en fin de compte pour remonter sur le Causse, pas mal ! Il nous reste une petite heure de marche pour arriver au point prévu pour le campement : une sorte de promontoire qui domine Florac au SE du col de la Pierre Plate.


Amandine fête l'entrée dans le parc national des Cévennes par une grosse châtaigne sur une clôture électrique (qu'on n'essayait même pas de franchir en fraude!). Le chemin passe tout au bord de la falaise du causse, la vue est splendide. Nous arrivons finalement à notre promontoire, mais pas un endroit plat pour poser la tente... et le vent est plutôt déchainé sur ces terres arides. Amandine pose le sac, je crois qu'elle en a plein les bottes. J3 1793 Je furète autour pour trouver un emplacement correcte. Un entrée de champs semble plate et un peu moins caillouteuse, mais pas du tout à l'abri du vent. C'est dans un recoin d'une petite doline, encore une fois, que je dénicherai la parfaite place de camping : à l'abri, de l'herbe haute et drue pour le confort et c'est plat. C'est parfait à un détail près : la présence de nombreux chardons qui risqueraient de percer la toile de tente. Amandine me rejoint pour ce qui va devenir notre rituel de l' « échardonnage ». En 15 mn la place est nettoyée.

J3 1833 J3 1849


Je profite de la fin d'après-midi pour aller faire des photos de la falaise et des alentours tandis que ma moitié fait une sieste. Le coucher de soleil sera de toute beauté ce soir et augure d'une aurore du même acabit.

 

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!!! ET RETROUVEZ L'ALBUM COMPLET DE CETTE JOURNEE EN CLIQUANT ICI : link !!!

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