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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 13:14

J20 4524 On se réveille le dos un peu en compote il faut dire : le lit de graviers n'était pas si confortable malgré la fatigue d'hier.On part vers 7h40, la journée promet d'être longue. Hier, à cause de notre égarement, nous avons décidé de changer d'itinéraire pour cette étape. On ne rejoint plus le lac de Certascan au Nord pour arriver au refuge Barbote au Sud, on coupe par le village de Tavascan et le Pla de Boavi par un itinéraire plus austral. Le gros inconvénient, c'est qu'il va nous falloir parcourir pas moins de 15 km sur de la route ou de la piste avant de retrouver un sentier potable.

 

Aussi surprenant qu'il y paraisse, compte tenu de notre état de fatigue, on supporte mieux de marcher sur un sentier que sur une piste. J20 4525 Au début, la piste est plus agréable, mais à la longue elle est extrêmement monotone pour l'esprit et aussi pour les pieds. Pour l'esprit déjà, car un cheminement monotone où il n'y a rien d'autre à faire qu'à mettre un pied devant l'autre passe beaucoup moins rapidement qu'un petit sentier empierré où il faut être attentifs à chaque détails pour ne pas trébucher, mais aussi apprécier le paysage tout en restant concentré. Ensuite pour les pieds : le revêtement lisse et plat de la route et la relative facilité d'une piste oblige le pied à poser toujours les même parties de sa plante au sol de centaines et des centaines de fois, ce qui est extrêmement usant. Au contraire, sur un chemin chaotique, les chevilles se tordent un peu, épousent le relief, les orteils et la plante sont écrasés différemment en fonction des aspérités du terrain ce qui permet de reposer (un petit peu) les parties non sollicitées.

 

Bref, on gagne du temps sur notre timing initial ( Fiche technique de notre traversée des Pyrénées en 28 jours par notre HRP ), mais ça va être galère ! La descente vers Tavascan se fait moitié sur la route, moitié sur un chemin. On coupe les virages qui mènent à la station de ski, par un sentier herbeux très en pente, on a les cuisses assez faibles de la veille. La route, comme toujours est trop longue et pénible, en revanche, le chemin pour arriver à Tavascan est bien agréable et très joli. A Tavascan (9h30), nous remplissons nos gourdes à la fontaine et cherchons une boulangerie. Si on pouvait changer l'ordinaire de nos repas avec seulement un peu de pain, ça serait du grand luxe ! Mais malheureusement, Tavascan ne possède pas de commerces de bouche... 

 

Alors on attaque la piste qui mène au Pla de Boavi. J20 4526 Elle est interminable ! Le soleil, bien haut maintenant la chauffe à blanc et l'atmosphère est étouffante. Les nombreux 4x4 qui nous dépassent soulèvent des nuages de poussière qui nous asphyxient. On fait une pause à l'ombre sous le hameau des Bordes d'Artamont, en gros à mi-chemin entre Tavascan et du Pla de Boavi. On regarde la carte pour voir si on n'a pas raté un chemin hier en faisant notre itinéraire, si on ne peut pas trouver un passage qui raccourcirait la piste. Et il y a bien en effet un petit trait en pointillé qui remonte la vallée de Becero. Il nous permettrait un super raccourci ! On tente le coup. On traverse de torrent sur une sorte de petit barrage et l'on suit une large piste qui mène au début de la vallée. Cependant, malgré quelques traces, il n'y a pas de chemin bien net et la végétation luxuriante empêche toute progression.  On ne s'acharne pas, il y a 1000 m de dénivelé, si c'est out le long comme ça, on en a pour 10h de lutte. On rebrousse chemin (ce n'est pas souvent que ça nous arrive et ça fait mal). On aura perdu une bonne demi-heure... On finit donc de monter au Pla de Boavi et on se fait une longue pause au bord du ruisseau pour manger. 

 

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L'eau est cristalline et Nico ne résiste pas à se baigner. Je ne sais plus pourquoi, mais j'apprécie franchement le saucisson du jour ! Il est 13h30, le soleil tape comme un sourd, on ne peut pas repartir tout de suite. On attend une petite demi-heure de plus. Mais il nous faut repartir finalement. Le Pla de Boavi est une fournaise innommable, une pelouse brûlée plus sèche qu'un paillasson. C'est là que nos intestins se rappellent à notre bon souvenir. Il semblerait que c'est souvent le lendemain de journées plus intenses encore que les autres que nous nous retrouvons avec le bide en vrac...

 

J20 4530Bref, maintenant et comme pratiquement tous les jours, nous avons devant nous une montée à un col de plus de 1000 m de dénivelé. Et il fait chaud, très chaud... Le seul "lièvre" que nous avons pu nous mettre sous la dent c'est deux Espagnols qui nous ont doublé pendant que nous mangions. L'objectif, comme à chaque fois : les rattraper le plus rapidement possible. Mais ils sont relativement lents et ne sont pas bien loin alors on les dépasse rapidement. Et l'ascension continu, maintenant, face à nous-même. La montée est en deux étapes : une longue remontée jusqu'à un replat en suivant l'axe de la vallée, puis il faut partir plein Est pour franchir le coll de Sellente. Mais pour l'instant, on grimpe la tête dans le guidon. A mi pente, c'est l'arrêt aux stands pour moi aussi. Ca ne nous lâchera donc pas avant la fin ? Il faudrait peut-être penser à changer de régime alimentaire un de ces quatre ! D'ailleurs, si on arrive au Pas de la Case dans 2 jours, ça lancera le début de notre renouveau culinaire car on commencera à croiser des magasins de bouffe. On repart pour le fond de la vallée où un bon raidillon nous attend. J20 4531 En haut, on arrive à un replat où trône un refuge en ruine qui a visiblement brûlé. On fait une bonne pause ; il est 16h00, le refuge de Barbote, notre arrivée initiale (avant le gain de temps de la veille) est à moins d'une heure de marche. Nous avons traîné pas mal aujourd'hui à cause de la chaleur, à midi, en essayant un nouveau chemin, et l'on a donc perdu la majorité de notre avance. Néanmoins, on n'a pas envie de voir nos efforts de la veille réduits à néant et on décide donc de continuer comme on l'avait prévu hier : direction  le Plat de Boet. 

 

La pause fait du bien, je me goinfre de barres céréalières et de gâteaux. On repart ensuite pour ce qui devrait être la dernière grimpette de la journée. Mais bien qu'elle soit courte, comme après le refuge de la Restanca, je me chope une petite fringale dans la côte. J'arrive au col de Sollente les jambes en coton. Je remange quelques barres de céréales et ça va mieux. 

 

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En bas, on voit le lac de Barbote et son refuge orange fluo perché sur son éperon rocheux. Il y a du monde au refuge, tant mieux, on ne s'arrête pas. Il est 17h30 quand on passe en dessous, alors certes, on aurait pu s'arrêter, ça nous aurait déjà fait une bonne journée de marche, et en plus c'était l'arrêt prévu à notre programme initial. Mais après toutes les épreuves qu'on a passées : la journée de retard, son rattrapage et maintenant les quelques heures d'avance qu'on a sur notre programme, on a les jambes pour continuer et garder cet avantage. On voudrait pousser jusqu'au Pla de Boet, portes de l'Andore.

 

La troupe d'Espagnols au refuge est en fait sur le départ et se retrouve juste derrière nous sur le chemin. Une fois n'est pas coutume, ils nous dépassent et galopent devant. Au bout de dix minutes, ils ont perdu le chemin et errent comme nous au milieux de petits pins accrochés à un gros verrou glacière. On voit le chemin tout en contre bas, relativement loin de là où on est. Le meilleur moyen, c'est de couper tout schuss dans l'herbe. On s'y jette tandis que les Espagnols tergiversent. On ne les reverra plus. C'est pentu, avec des creux et des bosses et il faut être très attentif, surtout en fin de journée, la blessure arrive vite. D'ailleurs, Nico se prend une gamelle, mais au ralenti, donc je ne vois que la conclusion : un pied qui dépasse d'une petite dépression dans l'herbe. Pas de bobo, juste une bonne rigolade ! 

 

Je n'ai plus d'eau depuis un petit moment quand on arrive à une cabane qui domine la vallée, la vue est superbe, mais la chaleur et l'odeur des genêts surchauffés sont étouffantes. Nico m'abreuve pour finir. On récupère un petit sentier tout mignon qui part à plat, légèrement en descente, ça nous fait un bien fou. Le problème, c'est qu'on croit que c'est bientôt fini alors on est plus relax ; il nous reste encore 1h30 de marche, mais on ne le sais pas encore...! Au bout d'une heure, on est arrivée au fond de la vallée et on longe la rivière en remontant. On distingue une piste de l'autre côté derrière les arbres et on sent que la fin est proche. Je commence à en avoir franchement marre, alors comme le sentier est plutôt plat, j'accélère comme un taré, je pars presqu'en courant pour griller mes dernières forces et arriver plus tôt. Nico se marre derrière moi car des fois il a du mal à suivre : je suis un robot hypnotisé par le rythme de mes bâtons, tac, tac, tac, tac, de plus en plus vite. Et enfin arrivent des panneaux ! Pla de Boet 20 min. 

 

J20 4534 "Je suis mort", je dis à Nico. Fou rire. "Tu m'étonnes ! T'as vu comment t'y allais ?!" Re fou rire. Un petit panonceau plus loin indique toujours Pla de Boet 20 min, mais aussi Pla de Boet : 500 m. Il doit y avoir de papy et mamies qui viennent se promener par ici ! Et effectivement, 5 min plus tard, on arrive devant un magnifique replat herbeux avec ruisseau et petits arbres, parfait pour planter la tente. On se fait une bonne toilette dans la rivière avant que le soleil se cache derrière la montagne, ça fait vraiment du bien après la chaleur et la poussière de la journée ! Encore une fois, on ne le sais pas encore, mais c'est notre dernière vraie toilette de la traversée et il nous reste ce soir plus d'une semaine de marche ! 

 

J20 4535

 

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