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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 15:28

J25 4598 On va pas partir tôt ce matin... On a été prendre notre petit dèj' dans le refuge et tout de suite, on est moins pressé. On partira vers 8h45 sous un ciel bas et lourd pesant comme un couvercle. Les nuages sont juste au dessus de l'altitude du refuge, mais dans un premier temps, nous descendons vers une petite station de ski et son immense parking. Il commence à tomber des gouttes, on s'arrête pour se couvrir avant la brusque remontée au porteil de Morens qui nous permet de retourner en France pour un bon moment. Il faut faire attention ici à se diriger vers la droite (Ouest-Nord-Ouest) plutôt que plein Nord vers le porteil de Mantet pourtant plus alléchant. On se retrouve une nouvelle fois sur les steppes. Le paysage est un peu déroutant : J25 4599 après des jours de montagne, de montées et de descentes, on se retrouve sur du plat et l'on perd ses repères. Les nuages se tassent sur la frontière et pour une fois, il fait beau en France.

 

On navigue à vue sur ce grand plateau pelé en suivant de loin en loin quelque cairns et parfois des balises. La dernière fois que je suis passé là, la météo était inversée : beau en Espagne et brouillard total en France, nous n'avions rien vu de la journée mais par chance nous ne nous étions pas perdu.  En effet, l'orientation n'avait pas été du tout évidente, une course d'orientation pour trouver les balises dans la purée de pois. Mais finalement nous étions arrivés au Pla Guillem sans trop savoir comment on avait réussi. J25 4600

 

Mais j'ai peut-être parlé trop vite... ! Il est 11h00 quand un assaut de stratus venu d'Espagne traverse violemment la frontière. La première ligne de vent et de lambeaux de brume nous fouette le visage. Nous nous étions déshabillés dans la monté du col mais désormais l'humidité reprend le dessus et nous nous recouvrons. Pendant une demie-heure, la bataille entre beau temps et nuages est équilibrée, pourtant, une attaque brumeuse plus violente que les précédente nous recouvre d'un coup. Sous le poids du nombre, le soleil a cédé et battu en retraite, nous laissant transis et égarés sur le plateau frontalier.

 

Pourtant, sous peu, nous le savons, il va falloir bifurquer vers la gauche pour prendre le chemin du tour des réserves naturelles sur la crête de Rotja et quitter le fil de la frontière. Nous avons des balises rouges et blanches de temps en temps, on suit une sente à moutons qu'on croit être le chemin. La pause de midi se fait derrière quelques rochers pour se protéger du vent qui reste très frais. Décidément, je ne verrai jamais le paysage de cette étape ! Il va falloir que je revienne encore une fois !

 J25 4601

Nous n'avons aucun repères visuels pour attester de notre avancée, pourtant, il nous semble marcher assez vite, la température ambiante aidant. Pourtant, finalement nous tombons sur une piste : nous allons pouvoir nous repérer ! Je m'en souviens désormais, la dernière fois nous avions aussi tergiversé à la vue de cette piste, mais en regardant la carte, il n'y a pas de doute possible, nous sommes au col des Roques Blanches. Et en effet, tous les rochers du coin sont d'un blanc immaculé.

 

Pas de doute possible, il faut traverser cette piste et prendre un chemin en face. Mais où est le « en face » dans le brouillard ? On tourne un peu, on remonte et redescend la piste mais finalement, c'était bien « en face » en gros du chemin par lequel nous étions arrivés qu'il faut repartir. Autre bonne nouvelle, nous sommes à la moitié de la journée ! Et jamais deux sans trois, un peu plus loin sur le chemin je me rend compte que mes intestins ne m'en veulent plus et ont décidés de se comporter en gentlemen ! Ça fait un bien fou !

 J25 4602

Il est dans les 15h00 quand nous arrivons enfin sur une piste dont j'ai souvenance et qui mène rapidement au Pla Guillem. On ne voit rien, mais je reconnais la zone de protection de la flore, interdite aux marcheurs ainsi que les tranchées laissées par le passage répété de 4x4. Tandis que nous avançons entre ces mottes d'herbe et de terre, nous entendons au loin dans le brouillard le lourd aboiement d'un chien, surement un patou qui protège son troupeau de moutons et qui prévient de ne pas approcher. On entend de mieux en mieux les cloches des moutons, on doit se rapprocher du troupeau, et ce n'est pas un mais deux aboiements distincts qui percent le brouillard. Nous n'avions plus eu affaire aux patous depuis les cabanes d'Ansabère. Nous traversions un troupeau le matin, aussi dans le brouillard et un patou perché un peu plus haut que nous nous intimait l'ordre de partir au plus vite, mais sans trop d'agressivité. Aujourd'hui, le troupeau est assez loin et de toutes façons, nous l'avons dépassé. Pourtant les aboiements ne diminuent pas et semblent se rapprocher. On scrute à travers la brume, mais on ne voit pas à dix mètres...

 

Quand soudain, sortis de nulle part, deux énormes molosses blancs fondent sur nous tous crocs dehors ! Panique à bord. On se retourne, les bêtes stoppent à 4 m de nous mais continuent d'aboyer au diable. On leur gueule dessus, on les menace de nos bâtons de rando, faible remparts contre deux fois cinquante kilos de muscle en furie. Ils reculent un peu, nous reprenons notre avancée en jetant un œil par dessus notre épaule tous les 2 pas. Ils r-attaquent ! On se retournent, ils sont à un mètres de nous et leurs gueules claquent à quelques centimètres de nos mollets. J25 4603 On a le cœur qui bat à 200, l'adrénaline a remplacée notre sang, on transpire à grosses gouttes. On recule comme ça pendant 10 min sur un terrain semé de mottes et de pierres. Surtout ne pas tomber. Chacun tient en joue son chien avec ses deux bâtons, une fente en avant, tel l'escrimeur pour en faire reculer un. Ils ne nous lâcheront donc jamais ? Nous sommes à plus de 500 m de leur troupeau, ils font du zèle là ! Et c'est là que sur une touffe traitresse, en reculant, Nico trébuche ! Se faisant, il fait deux grands moulinets avec ses bâtons en poussant un cri, avant de se rattraper in extremis. Surpris et effrayés, les deux chiens s'enfuient. Nous sommes arrivés au bout du Pla Guillem. On ne saura jamais si c'est les cabrioles de Nico ou bien parce que nous étions arrivé au bout de leur territoire qu'ils nous ont lâché... On a les jambes un peu en coton quand on arrive sur la piste qui descend au refuge de Mariailles, on se repasse en boucle les dernier quart d'heure : on a eu chaud aux fesses, se faire bouffer à 3 jours de l'arrivée, ça aurait été pire que de se fouler une cheville !

 

L'heure de marche à descendre cette piste est d'un ennui terrible et pas moyen de couper cet immense virage qui nous fait face... On croise un bergère avec son border-collie qui nous explique la psychologie des patous : ces chiens sont élevé depuis leur naissance au sein d'un troupeau de moutons, ils ne savent même pas qu'ils sont des chiens, ils pensent être des moutons. Des moutons capables de défoncer un ours tout de même !

 J25 4604

Refuge de Mariailles en bas de la piste, 16h30, pas de pause, il nous reste dans les deux heures avant d'arriver à la cabane Arago où on espère passer la nuit sans avoir à monter la tente. Je n'ai pas grands souvenirs de la montée, si ce n'est qu'on a récupéré le GR10 et que nous sommes passés sous les nuages. On ne s'est pas mouillé aujourd'hui mais ce fut une des pires journées de notre traversée.

A la cabane, nous avons la mauvaise surprise de voir qu'il y a déjà 3 personnes dedans et vu la taille de la bâtisse c'est à peu près tout ce qui peut y rentrer ! Tant pis, on montera la tente. Il y a un point d'eau bien pratique juste à côté où nous tentons de nous débarbouiller. L'eau est glaciale et nous enlève des cris stridents, le tout sous le regard éberlué des trois occupants de la cabane.

 J25 4605

Après cette interlude revigorante, nous entamons les présentations. Nous avons donc affaire à Ben, qui fait le GR10 depuis 2 mois, un grand gaillard qui veut voir le soleil se lever au sommet du Canigou demain matin. Et il y a Marcelo et sa copine dont j'ai oublié le prénom. Marcelo est un géochimiste Brésilien et sa copine est Canadienne et fait des études d'anthropologie. Ils vont gravir le Canigou demain.

 

On passe une bonne soirée avec cette petite troupe autour d'un grand feu. Le ciel se dégage durant la nuit, il fera beau demain pour affronter le maître de la Catalogne française.

 

J25 4606

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